Motif projeté, 2018
Acrylique sur toile
100 x 100 cm, triptique


(en haut) Lisse ou strié ? 2020
140 x 100 cm, diptique
Acrylique, sérigraphie et marbre sur toile  
(en bas) Mimétisme moderne, 2020
40 x 40 cm
Acrylique sur papier

   



 “Il semble que nous soyons ici confrontés à ce que le philosophe Hans Blumenberg nommait “la réalité comme ce dont le sujet ne dispose pas”, en raison de son éminent caractère de “paradoxe”, “obligeant le sujet à se soumettre et l’invitant à l’abandon de soi” face “à des manifestations phénoménales en permanence changeantes”. Le philosophe évoquait à cet égard ces parties des choses ou objets du monde sollicitant en nous à la fois curiosité et émoi tels que “nous sommes conscients d’un degré supérieur de notre réalité”.

Peut-être faudrait-il trouver ici le point d’articulation secret entre deux périodes, qui paraissent de prime abord séparées dans la pratique de Maxime Delalande : celle, architectonique, des architectures modernistes de type constructiviste, et la passion des empreintes et des travaux du vivant. Lorsque nous observons les dessins architecturaux réalisés en 2018 par l’artiste pour son DNA (Diplôme National d’Art), option Art, soutenu à l’École Supérieure d’Art et de Design d’Angers (TALM-Angers, Hôtel d’Ollone), nous pouvons interpréter les réseaux de lignes d’ombre et l’évidement des masses comme une volonté d’établir un monde construit de manière labyrinthique, bien qu’inachevé. Le “dessin d’ombre” (skiagraphia) est une creusée dans l’espace vide pour y installer de précaires habitats en galeries ou des villes inhabitables. L’enchantement procède bien ici d’un “degré supérieur de réalité” (comme disait Lessing) où curiosité et émoi tissent des relations immédiates. En sorte que toute la période de l’artiste occupée par des architectures impossibles annonce déjà les empreintes et les travaux lithographiques : il s’agit d’un univers unique, unifié, que l’on peut habiter en esprit (ou en imagination) en s’y déplaçant sans cesse, en creusant ses propres passages et ses propres issues. Le centre de gravité de l’œuvre de Maxime Delalande se trouve quelque part dans cette fuite impossible et cette maison introuvable, c’est-à-dire dans le sentiment d’une telle déréalisation du monde qu’il n’en subsiste plus que des territoires d’ombres, de marais et de carrières désertes.” 
Michel Cegarra
Extraits de Empreintes du vivant
Dispositifs d’apparition, de mémoire et de temps
,
dans Les Cahiers n°28, publication du DomaineM, 2024
Pages 31 à 32




Mimétisme moderne, 2020
100 x 100 cm
Acrylique sur toile
Motif démesuré, 2020
160 x 120 cm
Acrylique et marbre sur toile

Je me souviens. Il y a sept ans, je partais à Berlin avec un ami. Tard le soir, nous prenions nos vélos pour explorer la capitale allemande. Je me rappelle particulièrement d'une nuit. Longeant le Mur, puis suivant la Spree, nous avons roulé traversant en nombre parcs et rues. Trouvant sur notre droite une arcade, nous l'avons traversée. Apparut au loin un bâtiment similaire à celui que nous venions de franchir. Sur ce chemin banal, nous avancions rapidement, secoués par le sol irrégulier. Seule la traversée de la seconde et frêle architecture nous invitait à avancer. Le vent sifflant dans la nuit s'engouffrait entre les deux rangées d'arbres hauts bordant notre route. Soudain l'obscurité fît place à un espace immense. Une vue spectaculaire. Ornée de gigantesques portes métalliques et de marches de géants, le parc de Treptower s'imposait à nos sens.




(en haut) Scèces inhabitables, 2016 à 2019
Formats variables
Acrylique sur toile
(en bas) Porte des géant·es hors du cadre, 2020
180 x 150 cm
Acrylique et marbre sur toile





Architectonique en orbite, 2019
50 x 70 cm
Xylographie